L’émission « aujourd’hui«  veut montrer des romands qui font le monde de demain. C’est là que nous montrons quelques « bizarreries » du fonctionnement de notre entreprise « ecodev » qui sous bien des aspects peut être considérée comme une entreprise « Opale » au sens du livre de Frédéric Laloux.

aujourd-hui rts ecodev

Personnellement, je trouve que ce reportage ne va pas assez en profondeur et tombe vite dans le divertissement pour faire « cool » avec notre sortie sur le lac. Mais comment expliquer en à peine quelques minutes des fonctionnements invisibles ? C’est de la télé quand même… il faut du visuel !

Personnellement, j’aime bien le modèle de la spirale dynamique pour expliquer comment les visions du monde évoluent. Frédéric Laloux dans son livre Reinventing organizations a fait un parallèle entre ce modèle (et d’autres similaires) et la façon dont les organisations… s’organisent !

Il cite souvent 2 critères qui permettent de classifier les modes de fonctionnement des organisations:

  • le mode de décision
  • le mode de rémunération

Donc on peut recenser plusieurs modes de prise de décision:

Dans une organisation « rouge » de type gang. Le chef de gang décide selon son intérêt personnel et selon son bon plaisir.

Dans une organisation de type « bleue« , comme les administrations. C’est le règlement qui décide.

Dans une organisation de type « orange« , comme le sont la plupart des entreprises. C’est le mérite et la capacité à atteindre des objectifs, peut importe les moyens qui décide. C’est la rationalité parfois inhumaine qui décide.
En réaction à cette inhumanité, les organisations de type « vertes » comme les associations et les coopératives, on se préoccupe d’aborde que l’avis de tous soit respecté en entendu avant de prendre une décision. Pour les décisions, c’est en général, une personne une voix et on vote.

Dans les organisations « Opale » c’est encore autrement.

Ainsi dans une organisation de type opale, on fonctionne surtout à la « sollicitation d’avis » tout le monde prend toutes sortes de décisions personnellement. Il n’y a pas de hiérarchie qui décide. Mais il faut solliciter l’avis des autres quand ça les concernes et sentir si la décision est la bonne pour soi, pour le groupe et pour le monde. C’est ainsi que les organisations Opale ont une certaine éthique bien ancrée.

C’est effectivement ainsi que nous décidons chez ecodev. Il n’y a pas de hiérarchie formelle. Il y a des hiérarchies de circonstance, de rôles,  de compétences qui se forment au grès des besoins. Il y a surtout une organisation organique qui nous permet de décider en toute souplesse, localement, au cas par cas, avec une grande réactivité, avec créativité et avec solidarité.

A propos de la rémunération, dans ce reportage, la question du salaire est bien mise en avant. « De quoi as-tu besoin fondamentalement pour vivre ? ». Ils ont bien axé sur ce mot.

Pour reprendre les types d’organisations issus de visions du monde décrites dans le modèle de la spirale dynamique, chacune ont leur mode de rémunération:

  • dans l’organisation rouge de type gang, le chef décide des rémunérations à la tête du client et à tout moment. Il récompense ou déshérite comme un chef militaire de l’antiquité.
  • Dans une organisation bleue à l’image d’une administration, c’est la classe, donc le niveau de hiérarchie qui décide de la rémunération. Le tout étant inscrit dans un règlement.
  • Dans une organisation orange comme la majorité des entreprises, la rémunération est basée sur le mérite et la capacité à atteindre des objectifs. Voir même des bonus pour motiver.
  • Dans une organisation de type verte comme une ONG, une association, une coopérative. Chaque personne reçoit le même salaire. Car on veut faire attention à ne pas créer de hiérarchie.
  • Dans une organisation de type Opale, on s’approche de quelque chose qui ressemble a un revenu de base. L’organisation tente d’assurer un cadre dans lequel les gens se sentent bien, et peuvent développer leur plein potentiel au service de l’organisation. Ainsi ça passe aussi par une sécurité financière. Puis on peut appliquer toutes les recettes des autres modes d’organisation pour faire une rémunération complète.

Ainsi chez ecodev, on pratique une sorte de revenu de base. Chaque personne évalue fondamentalement ce qui lui est nécessaire pour vivre. Nous sommes tous différents, il y a des célibataires, des couples avec ou sans enfant, vivant dans des pays différents ! Nous avons tous des besoins différents.

Puis évidemment, notre entreprise n’est pas gigantesque, nos revenus viennent de nos activités, donc on sait très bien qu’il faut aussi d’une manière ou d’une autre couvrir nos besoins par notre travail, par nos ventes.

Quand tout va bien et qu’il y a des recettes plus élevées que ce qui permet de couvrir nos revenus de base, alors en général, on complète les revenus de base. Ceci selon des règles qui semblent équitables. Par exemple une personne qui aura apporté un nouveau client aura droit à un peu quelque chose même si ce n’est pas elle qui a fait le boulot pour ce client.

Il y a aussi des gens qui font directement du travail facturé aux clients et d’autres qui travaillent sur des infrastructures internes. Ce dernier travail n’est donc pas facturé, mais nécessaires au travail des autres. Nous vivons dans un écosystème.

Et voici aussi le volet audio de l’émission dans On en parle..